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MAROC

Projet d’Alliance contre l’exploitation sexuelle des enfants au Maroc, notamment dans le cadre des voyages et du tourisme – Projet PAX.

 

Localisation

  • Pays : MAROC
  • Ville, régions : Rabat, capitale administrative du pays – Casablanca, capitale économique et première ville du pays – Tanger (au nord), Marrakech (au centre), Agadir et Essaouira (au sud), principales villes touristiques du pays.

Ces villes ont été retenues en raison de leur exposition avérée au phénomène d’exploitation sexuelle des enfants dans le cadre des voyages et du tourisme (ESET), et de l’existence de partenaires locaux compétents pour mettre en œuvre les activités du projet sur ces zones.

 

Durée de l’action

Le projet est prévu pour une durée de 30 mois. Il débutera le 01 juillet 2017 et s’achèvera le 31 décembre 2019.

 

Description de la situation actuelle et des problèmes à résoudre

 L’ampleur chiffrée de l’exploitation sexuelle des enfants dans les voyages et le tourisme est difficile à évaluer faute d’indicateurs partagés internationalement. Dans le cas du Maroc, l’illégalité du phénomène, le caractère tabou de la prostitution et a fortiori de la prostitution enfantine, mais aussi les enjeux de pouvoirs, d’argent, et de corruption liées à cette exploitation et aux mannes financières qu’elle génère, complexifie manifestement la collecte d’informations à ce sujet.

De plus, la forte attractivité touristique du Maroc, ainsi que la méconnaissance et la perception confuse, incomplète ou erronée des acteurs de la protection de l’enfance, font de lui un pays extrêmement exposé au phénomène d’exploitation sexuelle des enfants à des fins commerciales, et en particulier au phénomène d’exploitation sexuelle des enfants dans les voyages et le tourisme. Le tourisme représente un secteur important de l’économie marocaine. Bien que la majorité des acteurs de ce secteur se sentent concernés par le développement d’un tourisme éthique et responsable, leur implication concrète dans la lutte contre l’ESEC demeure timide.

Par ailleurs, les acteurs de la protection de l’enfance disposent de peu de moyens et/ou de compétences pour lutter efficacement contre ce phénomène. Les structures issues de la société civile doivent s’orienter vers des bailleurs de fonds internationaux afin d’apporter une prise en charge spécifiques aux enfants victimes et/ou vulnérables.

Les perceptions sociales vis-à-vis de l’exploitation sexuelle des enfants sont encore trop souvent stéréotypées. Les jeunes sont davantage considérés comme des délinquants proposant des services de débauches et faisant honte à leur communauté, plutôt que comme des victimes d’exploitation à part entière. Il arrive même que les parents et l’entourage de l’enfant victime tirent profit de cette exploitation, sans mesurer les conséquences physiques et psychologiques sur ce dernier. Les familles et les communautés restent les garantes de la protection de leurs enfants, il est donc important de renforcer leurs compétences et leurs capacités afin qu’elles soient en mesure d’assurer leur rôle de manière efficace.

Enfin, les signalements de cas n’aboutissent pas toujours à la mise hors de danger de l’enfant et à la poursuite de l’abuseur. L’incapacité des autorités locales à pouvoir répondre au phénomène entraine bien souvent un découragement de la population affectée à porter ces signalements auprès des autorités compétentes. La méconnaissance des procédures en interne ou auprès des services compétents freinent encore davantage les décisions de signalement. D’autre part, la remontée d’information est parfois erronée, insuffisante ou trop tardive pour que le cas signalé puisse être étudié correctement tant au niveau local, qu’au niveau des services de police. La compréhension des autorités policières doit être renforcée, puisque ce sont eux qui interviennent pour la mise hors de danger de l’enfant et dans la poursuite des abuseurs.

 

Cohérence externe du projet

Le projet s’inscrit dans les politiques publiques et en particulier dans les Conventions Internationales signées et ratifiées par l’Etat marocain en matière de lutte contre l’ESEC (Convention Internationale des Droits de l’Enfant (CIDE), ratifiée en 1993 ; Protocole facultatif à la CIDE, ratifié en 2001, concernant la vente d’enfants, la prostitution des enfants et la pornographie mettant en scène des enfants ; Protocole de Palerme ratifié en 2009).

D’importants efforts ont été réalisés pour harmoniser la législation nationale marocaine avec les instruments internationaux. Le Code de la famille marocain (Loi 70.03, nouveau code de la famille, janvier 2004) énonce les questions relatives à la protection de l’enfance telles que stipulées dans la CIDE.

Au niveau de la prévention et de la répression des auteurs de violences sexuelles à l’encontre des enfants, les amendements introduits par la loi 24.03 ont permis, notamment, d’élargir et d’alourdir les peines liées aux infractions à l’encontre des enfants de moins de 18 ans.

La législation pénale impose à toute personne ayant pris connaissance d’un crime contre la vie d’une personne à le signaler (article 43 Code pénal). Par ailleurs, l’article 501 du code pénal sanctionne ceux qui, en abritant en connaissance de cause, favorisent la prostitution.

Le Ministère de la Solidarité, de la Femme, de la Famille et du Développement Social, a lancé en 2013,  en concertation avec l’ensemble des acteurs concernés et avec l’appui de l’UNICEF,  le processus d’élaboration du projet de Politique Publique  Intégrée de Protection de l’Enfance au Maroc (PPIPEM)[3]. Ce projet vise à mettre en place un environnement protecteur durable des enfants contre toutes les formes de négligence, d’abus, de violence et d’exploitation, et propose un cadre fédérateur et harmonisé, mettant en place un système intégré de protection de l’enfance.

Cette Politique cible tous les enfants âgés de moins de 18 ans qui nécessitent une protection, à savoir : les enfants victimes d’abus, de négligence, de violence, d’exploitation, y compris la vente et la traite ; les enfants vulnérables exposés à une risque ; et les enfants témoins. En avril 2014, les Assises Nationales sur le projet de la PPIPEM, sous le thème : « Les enfants, notre présent et futur… protégeons les » ont mis en lumière les leviers de mise en œuvre de cette politique, notamment le partenariat avec la société civile, le renforcement des mécanismes de signalement et recours, la convergence des programmes de la coopération internationale et la responsabilité sociale des entreprises.

Ainsi, le présent projet qui a pour objectif la lutte contre l’exploitation sexuelle des enfants dans les voyages et le tourisme, s’insère parfaitement dans le cadre de cette politique et contribue en toute logique à sa mise en œuvre.

 

Bénéficiaires de l’action

Les bénéficiaires directs et indirects du projet seront :

  • Les enfants et jeunes exposés aux risques et/ou victimes d’ESEC (3 650 enfants et jeunes) : les mineurs en situation de rue, les mineurs des quartiers vulnérables des principales grandes villes du pays, les mineurs placés dans les centres de Sauvegarde de l’enfance, les jeunes scolarisés.
  • Les parents, les familles et les communautés (10 800 foyers) sensibilisés en direct et via internet.
  • Les acteurs du secteur privé et les utilisateurs de leurs services (800 professionnels) : 300 professionnels du tourisme, 500 étudiants en tourisme, 2500 professionnels du secteur du tourisme et/ou touristes participent à des évènements de sensibilisation sur l’ESEC.
  • Les acteurs de la protection de l’enfance et de l’éducation (30 professionnels) issus de structures associatives ou publiques sont spécifiquement renforcés dans le cadre du projet et 100 professionnels bénéficient d’un module sur l’ESEC, via les partenaires du projet (indirects).
  • Les acteurs de l’administration marocaine (fonctionnaires des Ministère du Tourisme, Ministère de la Communication, Ministère de la Justice, Ministère de la Population, Ministère de l´Education, Ministère de l’intérieur).
  • Autre : journalistes, avocats, agents de santé, etc.

L’approche d’ECPAT Luxembourg repose sur la mise en réseau de ces différents bénéficiaires (acteurs publics, privés, et communautaires). Leur implication est nécessaire à tous les niveaux du projet : définition des activités, participation à leur mise en œuvre, suivi et évaluation.

 

Partenaires

Le renforcement des capacités des partenaires locaux est un moyen d’intervention prioritaire pour ECPAT Luxembourg, associé dans le cadre de ce projet à ECPAT France. Celui-ci portera essentiellement sur le renforcement des techniques de suivi et gestion de projet, l’identification et le suivi des indicateurs, et enfin le partage de ressources et méthodologie d’intervention sur la thématique de l’ESEC.

Dans le projet, il est également prévu de favoriser au maximum le renforcement des capacités « Sud-Sud » par les partenaires du projet entre eux. 2 partenaires, AMANE et BAYTI, sont membres du réseau ECPAT International et bénéficient ainsi d’une expérience et de l’accès à des ressources spécifiques et thématiques sur la lutte contre l’exploitation sexuelle des enfants. AMANE est notamment spécialisé dans le renforcement de capacités des acteurs de la protection de l’enfance au Maroc. BAYTI a également une grande expertise sur la thématique de la protection des droits de l’enfant, avec une expertise spécifique sur l’implication et la participation des jeunes.

Aussi, le renforcement des capacités des acteurs au sein du projet prendra différentes formes : des formations et le développement d’outils pour accompagner les parties prenantes à intégrer la thématique ESEC dans leurs actions de protection ou prévention et des ateliers d’échanges et de partage entre les partenaires du projet pour mettre en commun les leçons apprises, partager des outils, expériences ou bonnes pratiques favorisant la lutte contre l’ESEC.

Ainsi, les partenaires locaux pour la mise en place du projet seront :

  • AMANE, association de droit marocain, sera en charge de l’appui technique du projet sur le territoire marocain, et spécifiquement en charge des actions auprès du secteur touristique. Fort de l’expérience du premier projet où des outils ont été développés, leurs techniques de mobilisation, et d’animation sont ludiques et participatifs et ont déjà fait leur preuve. AMANE assurera un suivi des formations déjà effectuées et poursuivra ses formations intégrant la lutte contre l’ESEC dans le cadre d’autres projets complémentaires. AMANE est affilié au réseau ECPAT, ils sont un relais de qualité et de confiance pour ECPAT Luxembourg sur le territoire marocain.

 

  • AL KARAM est une association marocaine, reconnue d’utilité publique, qui a pour objet la réinsertion familiale, scolaire et préprofessionnelle des enfants et jeunes en situation précaire. Son historique et son expérience dans la sensibilisation des pouvoirs publics, des familles, des enfants et jeunes pour une meilleure application de la Convention des Droits de l’Enfant en font un partenaire clé sur le territoire de Marrakech.

 

  • WIDAD pour la femme et l’enfant est une association marocaine qui lutte contre toute forme de violence basée sur le genre faite aux femmes et aux enfants. Ayant développé un réseau d’écoles et collèges partenaires dans son entourage, WIDAD sera en charge des activités de prévention à l’intention des enfants et des jeunes dans les écoles et collèges des quartiers défavorisés de Marrakech.

 

  • BAYTI, association marocaine de Casablanca est membre du réseau ECPAT. Elle œuvre pour la protection et la réinsertion psycho-sociale des enfants en situation difficile, et pour la défense de leurs Droits depuis 1995 ; et permet d’avoir un acteur de référence dans la première ville du Maroc. D’autre part, sa fondatrice Mme Najat Malla M’Jid, ex rapporteuse spéciale aux Nations Unis sur la vente, la prostitution des enfants et la pornographie impliquant des enfants était membre du groupe de travail qui a piloté l’étude global d’ECPAT international sur l’ESET. Enfin, Bayti collabore avec le Réseau de Jeunes Sans Frontières et ont développés des techniques de participation des jeunes innovantes et créatives qu’ils partageront au sein du projet.

 

  • Keep Smiling, association franco-marocaine est un partenaire clé pour la ville de Marrakech. Son travail dans la rue et principalement dans les lieux touristiques en fait un partenaire essentiel pour approcher et impliquer les cibles directes du projet, à savoir les enfants et jeunes les plus vulnérables et exposés à l’exploitation sexuelle.

 

  • ANIR, association marocaine intervenant sur la ville d’Agadir et Inezgane (ville mitoyenne d’Agadir) permet au projet d’intervenir sur les territoires du Sud et dans la deuxième ville la plus touristique du pays. L’association intervient en protection des jeunes vulnérables, notamment en prenant en charge l’éducation et la réhabilitation des filles dans le Centre de sauvegarde d’Agadir[5] et œuvre pour atténuer la précarité des enfants de la rue à travers son Unité mobile. Identifié dans le précédent projet, ANIR est un acteur reconnu sur Agadir.

 

  • Enfin, 100% mamans, association marocaine tangéroise qui œuvre pour défendre les droits, la dignité et la citoyenneté des mères célibataires et de leurs enfants a également développé des actions de sensibilisation sur les questions de santé reproductive, VIH/Sida, et souhaite y inclure un module d’information et de prévention des jeunes face à l’exploitation sexuelle. Elle permettra au projet d’avoir une action auprès des jeunes de Tanger.

Chacun de ces partenaires est détenteur d’expériences, de bonnes pratiques, de connaissances du contexte local et des cibles visées qu’il partagera avec l’ensemble des acteurs du projet. Les villes sélectionnées sont les principales villes touristiques du pays ; le présent projet permettra ainsi de compléter les interventions auprès des acteurs du tourisme (mené par AMANE) dans chacune de ces villes.

D’autres acteurs clés seront associés au projet comme le Ministère du Tourisme, le Ministère de l’Intérieur, le Ministère de la Solidarité, de la Femme de la Famille et du Développement Social, etc. ; l’UNICEF, avec qui AMANE collabore activement et mène des projets communs complémentaires, les acteurs privés et publics du secteur du Tourisme. De plus, le groupe français ACCOR, et le groupe luxembourgeois LUXAIR sont spécialement impliqués dans le projet et se disent prêts à partager leur engagement en faveur de la lutte contre l’ESET.

En somme, ECPAT Luxembourg, associé à ECPAT France et Acting For Life, apportera au projet :

  • Sa capacité de gestion et coordination de projets d’envergures et multi-partenariaux
  • Sa connaissance et expérience avérée de la lutte contre l’ESET dans le contexte marocain
  • Sa capacité de mobilisation multisectorielle (privé/public, local/international)
  • Ses principes méthodologiques (Approche participative impliquant toutes les parties-prenantes dans chacune des phases du projet, Approche genre dans la thématique traitée, et Priorités au renforcement de capacité et partage d’expériences)

 

 

[1] AMANE est une association marocaine, affiliée au réseau ECPAT International.

 [3] http://www.social.gov.ma/fr/programmes/enfance

[4] ECPAT Luxembourg  (et le Ministère des Affaires Etrangères et Européennes) est partie-prenante du projet REPERES, mais seulement sur 4 pays de l’Afrique de l’Ouest (Burkina Faso, Mali et Niger et Côte d’Ivoire)

[5] 1 des 5 centres de placement étatique au Maroc pour les jeunes filles en danger et/ou en conflit avec la loi.

[6] Cf. Annexe 10 : CR de l’Atelier du 15 décembre 2016 à Marrakech

 

 

 

 

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